TF et TG : des indicateurs dépassés pour évaluer les accidents de travail ?

Le taux de fréquence (TF) et le taux de gravité (TG) sont des données mesurables historiquement utilisées pour suivre l’accidentologie en entreprise. Requis par la réglementation française (Code du travail, articles R.441-1 et suivants), ils sont souvent mobilisés dans les bilans annuels, les DUERP ou les reportings internes.
Ces indicateurs sont également utilisés par l’Assurance Maladie pour évaluer le risque travail et maladies professionnelles, notamment à travers le nombre d’accidents déclarés et les durées d’incapacité temporaire ou permanente qui en découlent.
Pourtant, les experts de la prévention s’accordent aujourd’hui sur le fait que ces indicateurs ne suffisent pas à eux seuls à évaluer l’efficacité d’une démarche de prévention. Ils doivent être complétés par d’autres données, notamment des indicateurs de moyens, de contexte et d’efficacité opérationnelle. Cela permet de mieux anticiper les risques et d’agir en amont des accidents et maladies professionnelles.
Définition du taux de fréquence et du taux de gravité (TF TG)
Le taux de fréquence et le taux de gravité font partie des indicateurs accidentologiques les plus utilisés dans les bilans santé-sécurité au travail. Bien qu’ils soient souvent associés, ils mesurent deux dimensions différentes : la fréquence des accidents avec arrêt d’une part et leur sévérité d’autre part.
Le taux de fréquence
Il mesure le nombre d’accidents du travail avec arrêt pour un million d’heures travaillées. Il permet de comparer la sinistralité entre entreprises ou périodes, indépendamment de l’effectif.
Formule :
TF = (Nombre d’accidents avec arrêt × 1 000 000) / Nombre d’heures de travail
Le taux de gravité
Il indique l’importance des conséquences des accidents en rapportant le nombre total de journées d’arrêt à mille heures travaillées. Il vise à exprimer la gravité des accidents en fonction de la durée de l’arrêt de travail.
Formule :
TG = (Nombre de jours d’arrêt × 1 000) / Nombre d’heures travaillées
Évaluer les accidents de travail : les limites des taux TF et TG
Ces taux ne prennent pas en compte tous les accidents, y compris les incidents, les presqu’accidents et les maladies professionnelles. Ils ne permettent pas non plus de mesurer l’impact réel des actions mises en place, ni d’évaluer les progrès accomplis année après année dans le cadre d’une stratégie de prévention des risques.
Aucun lien direct avec les actions de prévention menées
Les TF et TG mesurent les conséquences (accidents déclarés avec arrêt), pas les efforts engagés (formations, consignes, contrôles, changements de poste). Une action bien conçue peut éviter des accidents… sans que cela apparaisse dans les chiffres. Ils ne disent rien de ce qui a été évité.
Des indicateurs influencés par le contexte
Une surcharge de travail, un changement d’équipe, l’arrivée d’intérimaires, un encadrement insuffisant ou encore les spécificités du secteur d’activité peuvent accroître le risque d’accidents. À l’inverse, un bon taux de fréquence peut masquer un sous-reporting. Ces indicateurs ne prennent pas en compte les dimensions organisationnelles.
Une absence totale de pilotage en temps réel
Les TF et TG sont calculés a posteriori, souvent sur des longues périodes. Ils n’offrent aucune capacité d’alerte ou d’ajustement en cours d’action. Un mauvais chiffre arrive toujours trop tard. Ils ne permettent pas de corriger ni d’adapter les actions en temps réel.
Accidents de travail et maladies professionnelles : les indicateurs complémentaires recommandés
Pour aller au-delà des seuls taux de fréquence et de gravité, il est nécessaire de s’appuyer sur des indicateurs complémentaires permettant de piloter les actions de prévention de manière plus précise, plus réactive et plus adaptée au contexte réel de l’entreprise.
Indicateurs de moyens
Ils permettent de suivre concrètement ce qui est mis en œuvre sur le terrain pour réduire les risques.
- Taux de réalisation des formations sécurité (vs planning ou objectifs fixés)
- Suivi des visites sécurité, audits internes ou inspections préventives
- Taux de port des EPI, mesuré par des observations ou checklists
- Nombre de remontées d’écarts, de presque-accidents ou de situations dangereuses signalées
- Délai moyen de traitement ou de correction des écarts remontés
Indicateurs de perception et culture sécurité
Ils donnent une vision du niveau d’adhésion, de vigilance et d’implication des équipes et du management dans la prévention.
- Résultats d’enquêtes internes (baromètre QVT, culture sécurité, perception du risque)
- Taux de participation aux causeries, briefings sécurité ou groupes de travail
- Implication visible du management de proximité (présence en audit, messages sécurité, traitement des remontées)
- Niveau de connaissance des règles sécurité mesuré via des quiz ou auto-évaluations
Indicateurs de contexte et de charge de travail
Ils permettent de replacer les résultats sécurité dans leur environnement réel, en intégrant les facteurs organisationnels pouvant impacter la sinistralité.
- Taux d’absentéisme, turnover, et recours à l’intérim par service ou site
- Indicateurs de charge mentale (alertes RPS, entretiens, signaux RH)
- Suivi des pics d’activité, heures supplémentaires, ou réorganisations internes
- Évolution des postes de travail, des outils ou des procédés ayant un impact sur les conditions de sécurité
Ce que dit la norme ISO 45001
En matière de sécurité, la norme ISO 45001 définit un cadre international pour gérer les risques liés à la santé et à la sécurité au travail. Elle repose sur le cycle PDCA (Planifier, Réaliser, Évaluer, Améliorer).
Elle recommande un pilotage structuré de la prévention :
- par l’identification des dangers et l’évaluation des risques,
- par la mise en œuvre d’actions concrètes,
- et par le suivi de leur efficacité dans le temps.
Elle invite à combiner des indicateurs réactifs (accidents, incidents), proactifs (mesures mises en place) et d’amélioration continue (actions correctives, revues).
L’objectif : réduire les accidents du travail, protéger les salariés, et améliorer durablement la performance en santé-sécurité.
Une solution pour aller plus loin : Cikaba
Dans cette logique d’évaluation intelligente de gestion des risques, Cikaba propose une approche innovante, déjà primée (Préventica, France 2030… ), fondée sur l’analyse des données en temps réel via l’intelligence artificielle.
Ce que permet l’IA de Cikaba :
- Identifier des signaux faibles avant qu’ils ne se transforment en accident
- Croiser données RH, QSE, opérationnelles pour une vision complète
- Aider les décideurs à prendre des mesures préventives ciblées et opportunes
Notre ambition est claire : aller au-delà de la conformité pour faire de la sécurité un levier stratégique de performance, d’engagement et de durabilité.
Se limiter seulement au Taux de Fréquence et au Taux de Gravité, c’est passer à côté d’une approche complète, proactive et stratégique de la prévention des risques professionnels.
Il est possible d’aller beaucoup plus loin, en croisant différents niveaux de lecture :
- Résultats déclarés (TF, TG, accidents de travail, maladies professionnelles)
- Moyens engagés (formations, actions, comportements)
- Données de contexte (charge, RH, organisation)
- Outils modernes (dashboards, IA, alertes automatisées)
Cette vision 360°, Cikaba la rend accessible.
Notre solution permet aux entreprises de piloter la sécurité de manière dynamique, concrète et tournée vers l’avenir.
Parce qu’agir aujourd’hui, c’est prévenir demain.